Propos recueillis parStéphane Aubouard in MARIANNE, 11 avril 2024.
Rare dans les médias sur le sujet depuis le début de guerre entre Israël et le Hamas, l’historien Benjamin Stora, spécialiste des relations franco-algériennes a aussi beaucoup travaillé sur les relations judéo-arabes. C’est en historien de la mémoire qu’il répond à nos questions… avec Albert Camus dans sa besace.
Marianne, Six mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, quel sentiment prédomine chez vous ?
Benjamin Stora Mon sentiment premier, c’est que les ponts sont rompus. Et qu’aujourd’hui, pour toute personne amenée à tenter d’analyser la situation ou d’apporter des idées, il faut obligatoirement choisir de se placer d’un côté ou de l’autre du précipice. Celui qui, depuis sa rive, essaie de créer des passages ou de dresser des passerelles est immédiatement accusé d’être un traitre et de nier la réalité.