Sarah Contou-Terquem : Benjamin Stora, vous êtes historien, spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Algérie, du Maghreb et de la décolonisation. Vous avez consacré à l’Algérie de nombreux ouvrages, sans lesquels le citoyen français serait resté dans l’ombre : ombre d’une histoire nationale qui (s’) empêchait de regarder ses guerres en face, dont on a voulu taire le scandale, et qui laissait dans « l’espace vide de l’oubli »1 l’identité d’un combat.
Vous avez réhabilité une histoire totale de ce pays depuis le 19ème siècle : celle de sa colonisation2, de sa décolonisation et de la guerre3, puis celle de son indépendance4, mais pas seulement : vous vous êtes attaché aux détails de ses identités, de ses liens sociaux et de ses figures fondatrices - on se souviendra notamment de votre ouvrage sur Messali Hadj5 ou du Dictionnaire biographique des militants nationalistes algériens6. L’invisibilité de la guerre7, les immigrances8 et les exils9, sont autant de fils rouges qui traversent vos travaux.

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