Auteur d’une profusion d’ouvrages sur l’Algérie, dont La Gangrène de l’oubli, Transfert d’une mémoire et Imaginaire de guerre, professeur d’université à l’INALCO et directeur scientifique de l’Institut Maghreb-Europe, l’historien et sociologue Benjamin Stora restitue dans cet ouvrage une épisode fondamentale de l’Algérie coloniale.
Algérie 1954, publié aux éditions “Bargakh”, plonge aux sources du mouvement national, relate les différents cycles résistance-répression et jette un regard sur la crise de l’empire colonial. L’auteur projette ainsi un rayon de lumière sur les tenants et les aboutissants des événements politiques et donne une grille de lecture qui aide à mieux comprendre l’expression insurrectionnelle du 1er novembre 1954.
Stora œuvre sur la chronologie des événements durant l’année 1954 en France, en Algérie et au Maghreb, depuis l’investiture de René Coty à la présidence de la République française jusqu’à la débâcle militaire française à Diên Biên Rhû (Vietnam) en passant par la création du CRUA (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action) puis sa dissolution.
Ce préambule revient également sur la formation du comité des 22, la scission au sein du MTLD et la naissance du FLN. L’introduction intitulée Chute au ralenti remonte à la genèse de l’édifice et la montée des résistances aussi bien en Algérie que dans les autres colonies françaises. Alger à la veille de la tourmente nous fait vivre les derniers mois qui précèdent la révolution armée, l’apparition des premiers signes avant-coureurs du conflit qui couvait.
Stora met le doigt sur les inégalités, les injustices, le fossé abyssal qui sépare une société française hautaine, imbue de ses privilèges et fermée sur elle-même et des indigènes écrasés par le dénuement et qui ne rêvent que de se débarrasser de leur statut de colonisés.
L’auteur aborde ensuite la “Veillée d’armes en Kabylie”, les préparatifs d’avant-guerre et le mot d’ordre annonçant l’insurrection du 1er Novembre. “Le dimanche 31 octobre 1954, il fait un temps gris sur la montagne kabyle et Krim Belkacem pense à l’hiver qui s’annonce. Vers 10 heures du matin, un messager emporte six petites lettres griffonnées de son écriture fine”. Le même message pour les six chefs de région : “Ordre de passer à l’exécution des plans arrêtés ensemble. Début des opérations : cette nuit à partir d’une heure du matin...”. La longue guerre pour l’indépendance de l’Algérie allait commencer.
03/04/2008. N. Maouche
Source : La dépêche de Kabylie