Le poids des groupes de mémoire
La guerre d’Algérie, livrée entre 1954 et 1962, réveille sans cesse de vieilles blessures qui n’en finissent pas de cicatriser. Cette guerre livrée contre des Algériens qui réclamaient leur indépendance apparaît comme un mélange tragique de souvenirs cruels, de regrets, peut-être de remords… « Des feux mal éteints », comme l’écrivait le journaliste Philippe Labro dans son roman autobiographique paru en 1967. Ils sont nombreux, en France, les groupes porteurs de cette mémoire diffuse : combattants désespérés de l’OAS1 , et déserteurs ou insoumis rangés du côté du FLN2 ; simples soldats du contingent ou officiers de l’armée française ; fils de harkis3 de nationalité française, ou jeunes enfants de nationalistes algériens ; hommes politiques d’aujourd’hui qu’obsède le souvenir de cette guerre et, parfois, de leurs reniements ; partisans de l’Algérie française, ou défenseurs de l’indépendance algérienne ; et bien sûr, la masse des « pieds noirs »4 , chrétiens ou juifs, de droite ou de gauche, originaires des villes ou des campagnes, mêlés…