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Diatribe de "Valeurs actuelles" contre l’historien Benjamin Stora

« L’homme n’a pas seulement fait du gras, il a enflé. » « Vanité qui n'a cessé de croître en lui à mesure que s'élevait son statut social. » (Extraits de Valeurs Actuelles)

Voilà une nouvelle émergence de l’antisémitisme affiliable aux années d’avant la deuxième guerre mondiale, antisémitisme qui alla en ligne direct du bureau du bureaucrate zélé aux chambres à gaz et aux camps de concentration en passant par le vélodrome d’hiver.

Voilà la nature du déploiement de la haine contre l’intellectuel et l’historien juif, historien de l’Algérie, historien de la mémoire des ruptures et des liens entre les deux rives de la Méditerranée. L’attaque sur le physique de l’historien signe cette haine de type nazi. Il faut salir le juif culturellement et physiquement. Il faut le traîner dans la boue. Une sorte de préparation macabre à son élimination, sa disparition corps et âme. « L’homme n’a pas seulement fait du gras, il a enflé » dit l’article. Il y a là, sous-jacent, le désir sadique de l’explosion du corps de l’historien comme la grenouille de la fable de Jean-de-La-Fontaine. Explosion c’est-à-dire, en fait, disparition corps et âme. Il y a comme une incontrôlable odeur de haine qui flotte nauséabonde autour de cette expression : « L’homme n’a pas seulement fait du gras, il a enflé ». Désir de destruction d’un corps qui, coûte que coûte, doit disparaître dans la nuit et le brouillard.

Les soutiens de Benjamin Stora sont, heureusement, nombreux et vigilants. Au-delà de l’historien, Benjamin dans les banlieues est une référence, un repère. Un homme respecté et écouté. Mais les tensions qui montent et qui se ressentent en maints endroits de notre pays et à maintes occasions, signent les prémisses d’une errance menaçante pour notre société.

L’article de valeurs actuelles contre Benjamin est une tentative indigne de donner une direction aux pulsions destructrices de notre temps. Offrir aux haines quotidiennes et en premier lieu de soi-même, un bouc émissaire, une victime expiatoire au sens girardien des termes ; une désinhibition de la volonté de vengeance raciale en échos à cette errance sociétales.

On croit voir revenus de la nuit des temps apocalyptiques du 20e siècle, des silhouettes à l’horizon, des porteurs de mort, des fantômes d’Einsatzgruppen. Comme les loups chantés par Reggiani, ils sont encore loin mais...

L’ethnicisme camoufle le retour du discours de la race. Le regard moqueur du commentateur et polémiste d’extrême droite, professionnel des médias, camoufle la haine du musulman, du noir, de l’autre. Le désir pervers de la méméité.
Les groupes radicalisés magnifient la violence des armes par destination dans des corps revêtus de noir et qui tendent à devenir eux-mêmes des armes par destination. Ce ne sont encore que des agités et des agitateurs mais...Voilà qu’ils engagent leur corps expéditionnaire dans les failles béantes de la démocratie.

Haine des juifs, haine de la République, haine de la société, haine du cosmopolitisme. Regrets des temps anciens, détestation de l’histoire et de la quête de vérité, amour de la négation et des mots qui tuent.

Michel Yvernat
Solidaire de Benjamin Stora

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Hommage à Benjamin Stora, Mucem, Marseille, 31 mai 2018

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