Suite à la publication d’un ouvrage de Jacques Simon (« Le nationalisme algérien selon Benjamin Stora »), voici quelques documents :
- Une lettre de madame Djanina Messali-Benkelfat, fille de Messali Haj;
- Une lettre de l’historien Mohammed Harbi;
- Des précisions de Benjamin Stora, à propos du livre que lui consacre Simon;
- Un article publié dans le quotidien algérien El Watan : Itinéraire d’un mythomane.
Lettre adressée par madame Djanina Messali-Benkelfat, fille de Messali Hadj, à Benjamin Stora suite à la publication du livre diffamatoire de J. Simon.
Cher ami,
Je viens de lire dans la presse en ligne proche du MAK (mouvement autonomiste kabyle), l’annonce de la sortie d’un livre de J. Simon, « Le Nationalisme Algérien selon Benjamin Stora » aux éditions L’Harmattan. Ce livre consacré uniquement me semble-t-il, d’après la présentation de la 4ème de couverture, à vous discréditer aux moyens d’allégations invraisemblables. Avant d’y revenir afin de les démentir, je tiens cher ami, à vous dire ma solidarité et mon soutien.
Il est navrant en effet, de constater qu’à 81 ans Jacques Simon n’a toujours pas atteint un minimum de sérénité et reste enfermé dans ses certitudes, en persistant à affabuler à des fins de faire-valoir. C’est ainsi par exemple, qu’il y a plus de quinze ans, à l’occasion du centenaire de Messali Hadj, il affirmait avoir été à la direction de l’USTA (Union Syndicale des Travailleurs Algériens) en 1957, 1958. Il obligera donc à l’époque plusieurs anciens syndicalistes d’adresser un démenti formel à l’association de la commémoration du centenaire.
Il récidive à nouveau dans la 4ème de couverture de son ouvrage en affirmant cette fois qu’il a participé à la création de l’USTA ! Il sait pourtant que l’USTA a été créé à Alger à l’instigation de Mohamed Maroc. Jeune militant du PCI, il sera mis par Pierre Lambert à la disposition d’Abdellah Filali pour aider à l’organisation du premier congrès de l’USTA à Paris en juillet 1957.
Ce qu’il taira toujours c’est la raison pour laquelle il n’a pas assisté en novembre 1959 au 2ème congrès puisqu’il prétend être un syndicaliste de l’USTA. D’autant plus que cette fois Messali en personne y participait. Évidemment la rupture entre le MNA et l’OCI avait été consommée depuis l’arrivée de De Gaulle au pouvoir et nous ne verrons plus Lambert qu’en 1974 à l’enterrement de Messali mais pas Simon. Celui que je rencontrerai pour la première fois après cet enterrement, ce sera vous, très jeune étudiant en histoire et à la recherche d’archives. C’est le début d’une relation de travail aboutissant en 1978 à votre soutenance de thèse de 3ème cycle, sous la direction de C.R. Ageron puis d’amitié qui n’est pas terminée comme vous le savez.
Il n’était pas obligé non plus dans sa 4ème de couverture de qualifier Harbi avec désinvolture, « d’historien du FLN », il n’est pas sans savoir qu’il a été le premier historien à remettre en question l’histoire du nationalisme algérien confisqué et travestie par le FLN. Quant à l’édition des Mémoires de mon père, il a répandu partout que Harbi et vous y avaient travaillé. Il est pourtant bien placé pour savoir que Charles-André Juilien a présidé un conseil scientifique composé de Charles-Robert Ageron, de Harbi et de moi-même seulement.
Votre réussite car votre notoriété n’est plus à faire, a engendré depuis fort longtemps une frustration qui au fil des années s’est transformée en haine tenace. Ce qui lui fait dire encore pour vous accabler davantage et pourquoi pas, qu’en 1984 vous êtes nommé coprésident de l’institut Maghreb Europe par François Mitterrand alors que l’Institut n’est créé qu’en 1991. Là où il déraille complètement c’est lorsqu’il affirme, toujours dans cette 4ème de couverture, que le FIS a réalisé le programme de l’Etoile Nord-Africaine…!
Je trouve tout cela bien affligeant et de plus en donner la primeur à un site qui ne cesse de contester le rôle historique de Messali Hadj à la tête de l’Etoile Nord-Africaine avec une haine chauvine méprisable, ce n’est à plus rien comprendre des dérives de J. Simon.
Bien amicalement à vous.
Djanina Messali-Benkelfat
Fait à Montréal le 3 mars 2014
Lettre de l’historien Mohammed Harbi à Benjamin Stora.
Paris le 15 novembre 2013.
Mon cher Benjamin,
Je viens de prendre connaissance du nouveau libelle que nous consacre ce fou de Jacques Simon. Ces travaux ne trouvant pas la faveur des lecteurs, il pense attirer leur attention en multipliant contre nous, mensonges et calomnies. Sa dernière trouvaille qui m’attribue une influence sur tes opinions en faveur des thèses du FLN ne mérite que le mépris. Sa méconnaissance de nos itinéraires respectifs dans le domaine de la recherche saute aux yeux. Quand je t’ai connu tes hypothèses de travail étaient déjà bien affirmées et tes appréciations du FLN, publiquement connues. Tu avais produit un ouvrage sur Messali et un Dictionnaire biographique sur les militants nationalistes algériens. Je me demande parfois si Jacques Simon, dans son délire, ne cherche pas à faire de nous des cibles. Et le cas Curiel me revient en mémoire. J’exagère sans doute, cette idée ne m’aurait pas effleuré l’esprit en temps ordinaire. Toutefois les temps que nous vivons se prêtent malheureusement à bien des dérives. Le racisme et la xénophobie imprègnent bien des activistes. Nous le constatons tous les jours.
Toutes mes amitiés et ma solidarité contre les attaques dont tu es l’objet.
Mohammed Harbi.
Précisions de Benjamin Stora.
Depuis plusieurs années, Jacques Simon, ancien militant trotskiste que j’ai croisé dans les années 1970, poursuit avec obstination une entreprise systématique de démolition de mes travaux de recherche. A travers de nombreux articles, et des livres, il se livre à des attaques qui sont des diffamations, m’accusant d’être successivement un « agent » de F. Mitterrand dans les années 80, du FIS dans les années 90, ou du FLN aujourd’hui…. Cette véritable campagne tourne à l’obsession, qui relève de la pathologie. Je n’ai jamais répondu à ces calomnies répétées dans la mesure où se serait faire une publicité, inespérée pour lui. Mais ses écrits, grâce à Internet, trouvent un écho dans les milieux d’extrême-droite en France (voir le site d’A.Soral qui m’attaque durement), et chez certains chercheurs à l’étranger ou en Algérie. Voici quelques précisions à partir de la quatrième page de couverture de son dernier livre « Le nationalisme algérien selon Benjamin Stora », Ed Creac/L’Harmattan.
Benjamin Stora.
Dans la 4e page de couverture de son livre, J. Simon écrit :
« En 1974, il s’intéresse à l’Algérie et rédige sous la direction d’Aklouf (Jacques Simon), dirigeant du Comité de liaison des trotskystes algériens (CLTA) une thèse de 3e cycle : « Histoire du Mouvement national algérien (MNA) ».
B.S : Je n’ai jamais travaillé avec Simon, et encore moins soutenu ma thèse sur Messali Hadj sous sa direction, puisqu’il était à ce moment enseignant dans un collège. J’ai soutenu ma thèse de 3e cycle en Histoire en 1978 à l’EHESS sous la direction du Professeur Charles Robert Ageron (Président du jury, Jacques Berque). Et mon mémoire de maitrise en 1974 sous la direction de Jean-Pierre Rioux à Paris X.
« L’année suivante, après sa rencontre avec Mohamed Harbi, historien du FLN, il intègre partiellement ses idées dans « La Révolution permanente en Algérie » un gros article de la Vérité, revue de l’OCI. Il collabore avec Harbi à la mise au point des « Mémoires de Messali Hadj », publie avec son aide une biographie de Messali Hadj et un « Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens ».
B.S :Là encore tout est faux et inventé. Mohammed Harbi ne m’a pas « aidé » pour ma thèse sur Messali, il n’a pas travaillé sur les « Mémoires » de Messali Hadj (édité en 1982), et j’ai publié mon Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, seul, en 1985. Ce Dictionnaire a été publié aux éditions L’Harmattan, avec une préface de Mohammed Harbi.
« En 1980, quand L’Organisation socialiste des travailleurs (OST) qui succède au CLTA s’installe en Algérie, Stora, dirige le travail Maghreb de l’OCI »
B.S : C’est entièrement faux, je n’ai jamais dirigé le « travail Maghreb de l’OCI », étant responsable de sa branche étudiante (tous les militants algériens de cette organisation peuvent en témoigner). Je renvoie sue ce fait à mon autobiographie, « La dernière génération d’octobre » (Ed Stock 2003).
« Nommé en 1984 par le président Mitterrand, coprésident de l’Institut Maghreb Europe…. »
B.S : L’Institut Maghreb Europe a été fondé en 1991 et non en 1984 comme l’affirme Simon, à Paris 8 St Denis, et je l’ai dirigé pendant trois ans avec René Gallissot. Il a ensuite été dirigé par Aissa Kadri. Bien sûr, cet Institut n’a jamais été créé par F. Mitterrand.
« Il publie plusieurs ouvrages sur le nationalisme dont il considère, après 1990, que le FIS a réalisé le programme de l’Étoile Nord Africaine, du PPA/MTLD et du FLN, à savoir : la formation d’un État algérien fondé sur les principes islamiques »
B.S : C’est une pure calomnie : je n’ai jamais écrit que le FIS avait réalisé le programme de l’Etoile nord africaine.
Si dans la 4e de couverture de ce livre, je relève QUATRE faux grossiers concernant ma vie militante et intellectuelle, et une calomnie grossière sur mes travaux, alors que pouvons nous trouver dans le reste de ce texte ?
Itinéraire d’un mythomane nommé Jacques Simon.
Par Khaled Melhaa, publié dans El Watan, le 23 - 01 – 2012.
Comme d’habitude, à travers internet, Jacques Simon lance sans la moindre preuve des accusations d’une extrême gravité en se fondant sur des rumeurs qui se transforment vite en calomnies, purement et simplement. Je voudrais à cette occasion revenir sur l’itinéraire de Jacques Simon, personnage que j’ai bien connu lorsque j’ai milité dans les rangs des organisations trotskistes dans les années 1970/1980, ou dans les milieux de l’immigration algérienne plus récemment.
Contrairement à ce qu’il dit, Jacques Simon n’a jamais été membre de la direction du MNA ou de l’USTA (le syndicat des partisans de Messali) pendant la guerre d’Algérie. Les nombreuses mises au point et demandes de rectifications de la fille de Messali Hadj à ce propos n’empêchent donc pas J. Simon de poursuivre inlassablement son travail de réécriture de sa propre histoire. Jacques Simon n’a jamais été membre de la direction de l’organisation trotskiste à laquelle il appartenait (par exemple membre du « comité central »), et n’a donc jamais reçu « mandat » pour être le responsable des trotskistes algériens. Mais il continue de se proclamer grand acteur de cette histoire, en dépit des nombreuses demandes de retrait de ce qualificatif par l’ensemble des militants algériens de cette période (j’ai moi-même, en vain, demandé depuis plusieurs années que ces titres de responsabilités ne soient plus mentionnés dans ses nombreuses autobiographies et les articles qu’il publie dans diverses revues sur cette question).
Exclu de l’organisation trotskiste en 1984, J. Simon a continué d’appartenir à différents groupes d’extrême-gauche, puis il s’est rapproché du Front des Forces Socialistes. Il a été exclu de cette organisation en 1988 pour avoir proféré de graves accusations, sans preuve, d’antisémitisme contre un dirigeant de cette organisation. Il n’a donc, contrairement à ce qu’il prétend, jamais dirigé le journal du FFS, « L’Algérie libre », se contentant d’écrire quelques articles. Simon, après sa retraite d’instituteur se lance dans le travail universitaire. Il réussit par chance à s’inscrire en DEA sous la direction de Sami Nair, grâce au concours de Benjamin Stora à l’époque Professeur à Paris 8. Il quitte S.Nair, et décide d’écrire une thèse consacrée à la vie de Messali. Il obtient la plus basse note possible (« passable ») au moment de la soutenance de cette thèse (ce qui ne l’empêche pas de se proclamer « docteur en histoire »).
Il n’arrive pas à obtenir l’accord de la direction de FEN pour développer un travail sur l’Algérie, et se trouve, encore une fois, écarté d’une organisation. Il se lance alors dans la construction d’un « centre de recherches sur l’Algérie » (le CREAC) qui ne publie principalement que des libelles de J. Simon. Pourtant, je peux assurer que Simon ne parle pas un mot d’arabe ou de berbère, et qu’il s’est rendu durant les cinquante dernières années qu’une seule fois (quelques jours) en Algérie. Il prétend pourtant être un grand spécialiste de ce pays, et se présente en universitaire (alors qu’il n’a jamais donné un cours à l’université, et qu’il est brouillé avec l’ensemble des chercheurs de cette histoire).
Dans les dernières années, Simon s’est rapproché des positions de dénonciation de la soi disant « repentance », stigmatisation des « égorgeurs » du FLN, refus de reconnaître le 19 mars comme date de la fin de guerre, insistance sur les massacres de harkis, etc.
C’est une thématique désormais bien connu, qualifiant les historiens qui se sont engagés contre la loi de février 2005 sur « les bienfaits de colonisation » de « bataillon d'historiens engagés et d’idiots utiles ». Après l’élection en 2007 de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Simon a demandé audience à Brice Hortefeux pour lui dire tout le bien qu'il pense de son ministère de l'Identité nationale et de ce qu’il en attend pour l’immigration. Mais ses demandes n’ont pas abouti…..
Voici donc quelques éléments biographiques qui permettent d’éclairer la vie de ce personnage qui depuis de nombreuses années passe le plus clair de son temps à lancer anathèmes, excommunications, injures et calomnies. Ce qui se diffusait dans un cercle restreint a pris désormais de l’importance, via Internet ».
Khaled Melhaa.