Marc Ferro. Éditions de l’EHESS, Paris, 2023, 146 pages, 9,80 euros
Auteur de travaux majeurs sur la révolution russe et l’URSS, pionnier de l’utilisation du film dans la recherche, biographe rigoureux de Philippe Pétain, animateur pendant douze ans de l’émission de télévision « Histoire parallèle », observateur et analyste des sociétés coloniales, critique des historiographies nationales : Marc Ferro (1924-2021) ne bridait pas sa curiosité. Prolifique et inclassable, il était un adepte des questionnements originaux, un fin pédagogue et un grand défaiseur de mythes. S’il occupa au cours de sa vie quelques positions enviées (à la tête des Annales, ou à l’École des hautes études en sciences sociales [EHESS]), il n’est pas certain qu’il ait aujourd’hui, au panthéon des historiens, la place qu’il mérite.
Deux ans après sa disparition, la publication de ces entretiens — menés par son confrère Benjamin Stora, et diffusés en 2006 sur France Culture — vient rappeler les grandes lignes de son parcours personnel, en s’arrêtant sur quelques expériences fondatrices (le maquis du Vercors, l’Algérie des années 1950) et sur plusieurs facettes d’une œuvre riche, protéiforme et souvent réfractaire aux vérités officielles.
Antony Burlaud