Au début de l'année 2010, une proposition de loi était déposée au Parlement algérien pour «criminaliser» le colonialisme français. Quelques mois plus tard, Hors-la-loi, de Rachid Bouchareb,était contesté dès sa présentation au Festival de Cannes. Le point sur les enjeux de cette guerre des mémoires entre la France et l'Algérie à l'occasion de la sortie de Hors-la-loi, le 22 septembre.
L'Histoire : Est-il envisageable que, sur les deux rives de la Méditerranée, on finisse un jour par écrire une histoire de la guerre d'Algérie sans tabous, libérée du poids des mémoires antagonistes ?
Benjamin Stora : Nous n'en prenons pas le chemin. En France, il n'y a jamais vraiment eu de consensus politique clair sur le passage à l'indépendance algérienne. Cela peut paraître surprenant. L'approbation de la politique du général de Gaulle, bien sûr, a été massive, comme en témoignent les référendums : le 8 avril 1962, 90 % des Français ont ratifié les accords d'Évian qui ouvraient la voie de l'indépendance algérienne.
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