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actualite-stora2L'historien, spécialiste de l'Algérie, Benjamin Stora était présent au Sila, avant-hier, et ce, dans le cadre de l'hommage d'ordre littéraire «France, invité d'honneur» de cet événement culturel d'une importance capitale.

Avant de s'adonner à la traditionnelle vente-dédicace au niveau de l'Espace France du Sila, Benjamin Stora a animé une conférence devant une assistance nombreuse dans la grande salle «Estrade» du Pavillon central. Une occasion pour Benjamin Stora de rebondir sur un certain nombre de questions inhérentes à l'Histoire de la guerre de Libération nationale et à son écriture.

L'historien reconnu a entre autres salué l'initiative qui a été prise par le président de la République Abdelaziz Bouteflika il y a quelques années consistant en la baptisation d'un certain nombre d'aéroports aux noms de personnalités historiques qui étaient censurées durant plusieurs décennies après l'indépendance, à l'instar de Messali El Hadj et de Mohamed Boudiaf. Dans le même ordre d'idées, Benjamin Stora, qui vient de publier un nouveau livre sur son enfance en Algérie jusqu'à son exil, intitulé «Les clés retrouvées» (aux éditions Sedia en Algérie et Stock en France), a également expliqué que depuis l'année 2000, il y a eu, en Algérie, un déverrouillage de l'histoire. Ce dernier a permis entre autres d'insuffler un nouvel élan en matière d'écriture de l'Histoire de la guerre d'indépendance.

L'orateur a souligné que la seule chose qui compte quand on parle de l'Histoire, c'est de produire non seulement des livres mais aussi des films et des documentaires. «Quand j'ai écrit la biographie de Messali El Hadj, certains m'avaient dit que c'est fini, je ne retournerai plus en Algérie, mais il n'en est rien, je suis là», a déclaré Benjamin Stora en soulignant qu'au départ il avait l'intention de réaliser une trilogie sur les pères fondateurs du nationalisme algérien dont Ibn Badis, mais son état de santé ne le lui a pas permis. «Ibn Badis est une figure très complexe dans sa modernité», a précisé le conférencier pour expliquer l'intérêt qu'il porte à Ibn Badis.

Interrogé, lors du débat par une enseignante de lycée sur le nombre de martyrs tombés au champ d'honneur durant la guerre d'indépendance algérienne, Benjamin Stora a rappelé qu'il y a des polémiques interminables concernant ce sujet car il y a eu des morts pendant, avant et après la guerre. Il s'agit d'une question très politique, selon Benjamin Stora. Une question qui donne sans cesse lieu à des polémiques. Ce même constat est d'ailleurs valable, selon lui, même concernant le nombre de pieds-noirs qui ont quitté l'Algérie au lendemain de l'indépendance ainsi que sur les harkis, a indiqué Benjamin Stora.

Questionné sur les films qu'il réalise depuis quelque temps également concernant l'histoire, Benjamin Stora a expliqué que sa démarche vise à toucher un public jeune et nouveau qui n'a pas accès à ses livres. «Il fallait impérativement passer à l'image. L'idée est née après que je sois passé sur une chaine de télévision française au début des années 1990. J'ai constaté qu'ils étaient nombreux les Algériens qui ont suivi mon intervention sans avoir lu mes livres auparavant», a expliqué Benjamin Stora.

Ce dernier a exprimé sa sincère satisfaction quand une autre enseignante d'histoire dans un lycée algérois a informé l'écrivain que des textes de ce dernier ont figuré dans l'épreuve du baccalauréat algérien.
L'intervenante a ajouté: «C'est grandiose, cette initiative fait découvrir aux jeunes Algériens le grand historien que vous êtes. C'est un déclic qui n'est pas insignifiant.» «Merci, c'est une grande surprise et une forme de reconnaissance très forte de mon travail», a répondu avec modestie Benjamin Stora.

 

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Hommage à Benjamin Stora, Mucem, Marseille, 31 mai 2018

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