Les incidents de la gare du Nord ne sont-ils pas une nouvelle illustration de la fracture entre une partie de la nation, celle des quartiers sensibles et déshérités, et la France institutionnelle ?
LE FIGARO. - Les députés viennent de voter une loi pénalisant la négation du génocide arménien. Pourquoi dites-vous que la France, en creusant sa mémoire, s'adonne à un « dolorisme d'enfant gâté » ?
Pascal BRUCKNER. - En France, pendant plusieurs années, l'État s'est fait le dépositaire de la vérité historique. Il a fallu attendre 1995 pour que Chirac reconnaisse la réalité du gouvernement de Vichy, et 1999 pour que les événements survenus en Afrique du Nord soient appelés « guerre d'Algérie ». La loi de 2005 sur les bienfaits supposés de la colonisation, abolie depuis, appartient à ce même mouvement.
Benjamin Stora était à Alger samedi et dimanche derniers. L’historien a rencontré samedi 5 juin quelques-uns de ses lecteurs à la librairie du Tiers-Monde à l’occasion de la vente-dédicace de deux de ses ouvrages réédités à Alger par Sédia, Le Mystère De Gaulle, son choix pour l’Algérie et La gangrène et l’oubli, la mémoire de la guerre d’Algérie. Dimanche 6 juin, il était au Centre culturel français (CCF) pour une conférence-débat autour de son dernier livre. Une opportunité pour discuter à bâtons rompus avec lui de son actualité éditoriale algérienne et de questions relatives à ses travaux de recherche sur le fait colonial en Algérie.