Rédigé par Patrick Girard
Spécialiste éminent de l'histoire du Maghreb, Benjamin Stora, né à Constantine en 1950, est le meilleur connaisseur des rapports, complexes et singuliers entre la France et l'Algérie, ses deux patries. Cet érudit inquiet et scrupuleux, qui pourfend la langue de bois et les clichés, fut aussi un militant très engagé, membre de l'AJS et de l'OCI, la branche lambertiste du trotskisme français, jusqu'en 1986. Cet itinéraire qu'il raconte dans un livre de mémoires dont le style époustouflant mélange allègrement le souffle de Léon Davidovitch et la poésie lyrique et ensoleillée d'Albert Camus. Ceux qui attendaient des révélations sur le trotskisme de Lionel Jospin en seront pour leurs frais.
Stora, détenteur de nombreux secrets delà quasi-«secte»trotskiste, ne donne pas dans le sensationnel ou le people. Il se fait le chroniqueur lucide de sa génération, de la nôtre, avec une rigueur qui n'exclut pas la tendresse et cet optimisme propre aux Méditerranéens. Dans cette rentrée littéraire, où l'on cultive le désespoir et le spleen chic, son livre est un petit bijou, car Stora a la suprême élégance de ne rien nier, de ne rien renier. Une manière raffinée de se réconcilier avec lui-même
*La Dernière Génération d'Octobre, Stock, 288 p., 20 € - Réédition en poche, collection Pluriels, Edition Hachette.