Je vous remercie de m’avoir invité car je ne suis pas un familier des colloques où dominent les psychanalystes. Je suis simplement historien, professeur d’université à Paris 13 et à l’Inalco. En fait, on m’a demandé de parler des effets des discours et des images sur les pratiques de violence ou de déferlement de violence, un grand sujet pour les historiens. J’avais déjà traité cette question dans un livre déjà ancien, qui s’intitule La Gangrène et l’Oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie, que j’ai publié il y a plus de vingt ans aux éditions de La Découverte. Je vais m’interroger devant vous, et j’espère que ce sera l’occasion d’un débat entre nous, sur une séquence d’histoire très particulière, que nous connaissons tous, la question de la guerre d’Algérie dans la société française d’aujourd’hui. Une question intéressante car l’an prochain, en 2012, nous allons commémorer le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, l’occasion de toute une série d’événements de part et d’autre de la Méditerranée, sur les traces que cette histoire, celle de la guerre et du passage à l’indépendance, a laissées dans les sociétés française et algérienne.