Lire l'article paru dans "Libération" le jeudi 19 septembre 2013.
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Évincé de l’exposition sur Albert Camus qui était prévue à Aix-en-Provence, l’historien revient sur la polémique et décrypte les survivances idéologiques d’une période qui demeure conflictuelle.
Une grande exposition sur Albert Camus, conçue par l’historien Benjamin Stora et le documentariste Jean-Baptiste Péretié, était prévue pour novembre 2013 à Aix-en-Provence (sud de la France), à l’occasion du centième anniversaire de la naissance du Prix Nobel de littérature. À l’orée de l’été 2012, les deux auteurs, sans doute parce que le premier était considéré par les milieux nostalgiques de la colonisation comme trop proche des Algériens, furent « débarqués » sans explication. Ils évoquent aujourd’hui, dans un petit livre stimulant, Camus brûlant, les circonstances comme l’arrière-plan politique et historique de cette affaire. Pourquoi Camus, que l’on croit consensuel, suscite-t-il tant de réactions passionnelles des deux côtés de la Méditerranée ?
Camus brûle-t-il ?Brutalement évincé en mai 2012 de l’exposition du centenaire Camus qu’il devait proposer dans le cadre de Marseille-Provence 2013, Benjamin Stora signe avec le documentariste Jean-Baptiste Péretié un Camus brûlant qui remet les pendules à l’heure… L’ouvrage revient sur le « pataquès » d’Aix-en-Provence, « une des villes françaises où les nostalgiques de l’Algérie française forment, aujourd’hui encore, soulignent-ils, un groupe de pression non négligeable ». Là où se trouvent les archives de l’écrivain, mais aussi une mairie qui « était, semble-t-il, hostile à l’un de nous, historien spécialiste du Maghreb ». Les deux auteurs souhaitaient notamment montrer « l’engagement de Camus contre les injustices de l’administration coloniale et sa position complexe lors de la guerre d’Algérie ». Cela reste sans doute insupportable aux yeux de certains partisans de la « nostalgérie »…
Un an après l'annulation de l'exposition aixoise, l'historien publie "Camus brûlant"
Benjamin Stora avait préféré prendre ses distances face à ce "scandale délirant " qui avait mené à l'annulation de l'exposition aixoise sur Albert Camus.
D'abord désigné comme commissaire de cet événement de l'année Capitale, l'historien avait été "brutalement débarqué" et remplacé par le philosophe Michel Onfray, qui finit par renoncer.
Dans Camus brûlant, co-écrit avec le documentariste Jean-Baptiste Péretie, Benjamin Stora analyse les tentatives de captations politiques dont Albert Camus fait l'objet.
Par Jean-Pierre Bonnel
B.Stora m'a offert son dernier livre (disponible dans les librairies, début septembre, éditions Stock, 12,50 euros) : "Camus brûlant”, écrit en collaboration avec le documentariste Jean-Baptiste Péretié, sur l'affaire trouble de l'exposition sur Camus, prévue à Aix pour le 100ème anniversaire de sa naissance en novembre 2013.
Je me disais que j'avais bien de la chance d'être un des premiers lecteurs de ce livre, dédicacé aux “Templiers” de Collioure, et qui se lit comme un polar : l'écriture rapide, mais précise, sèche comme la lame d'un laguiole, qui se ferait du bien en rentrant dans le lard des protagonistes vulgaires, hypocrites et fanatiques de cette histoire presque marseillaise... L'ouvrage débute de façon modérée en désirant montrer que l'affaire est "symptomatique et révèle les questions soulevées par Camus restent extrêmement sensibles et provoquent des tensions toujours vives..." Ensuite, Benjamin Stora et son complice expliquent le contexte de ce qui aurait dû être une belle histoire et a fini en polémique et gesticulations de nostalgiques de l'Algérie française...
Paris, Autrement-Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 2012, 224 pages, 30 €
Les commémorations importantes ont ceci d’excellent qu’elles font en règle générale l’objet de manifestations à caractère historique, invitant les spécialistes du passé à proposer, sur des sujets parfois passionnels et brûlants, une analyse scientifique. Leur tâche se révèle, on le comprend d’emblée, tout sauf aisée. Ainsi, cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, apparaissait-il nécessaire de répondre à une demande sociale en revenant sur l’un des versants métropolitains de ce conflit multiforme, à travers la question de l’immigration algérienne en France. Une exposition intitulée Vies d’exil - 1954-1962. Des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie, se tient ainsi d’octobre 2012 à mai 2013 à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI).