La guerre invisible - Algérie années 90. Ed Presses de Sciences Po (7 mars 2001) Coll. La bibliothèque du citoyen, 125p.
Dans un essai d’une brièveté percutante, l’historien Benjamin Stora, se demande comment il est possible de comprendre une guerre lorsqu’elle est invisible. L’invisibilité c’est le manque d’image, l’absence de télévision. Jean Baudrillard avait déjà affirmé pour les mêmes raisons, que la guerre du Golfe n’avait pas eu lieu. De la part de Baudrillard qui surfe avec virtuosité sur les vagues des représentations ce n’était ni étonnant ni convaincant. Mais Stora, lui, est un historien.

Nul n’était mieux placé que Benjamin Stora, historien reconnu de l’histoire de l’Algérie, qui s’est penché avec tant de science sur le nationalisme algérien et ses grandes figures (Messali Hadj, Ferhat Abbas), pour aborder enfin le destin de la minorité juive en ce pays, de 1830 à 1962, et y déterminer trois exils successifs. Le premier avec le décret Crémieux de 1870 qui, en les faisant accéder collectivement à la nationalité française, va détacher les Juifs de leur vie en terre d’Islam, le second en 1940 avec, sous les lois antijuives de Vichy, le retour à l’indigénat trois années durant (pendant lesquels les Juifs seront cantonnés dans les limbes d’une identité indéfinie), et enfin, en 1962 quand les Juifs, devenus « pieds-noirs », vont connaître l’exil de toute la communauté française de l’Algérie.
Après une décennie consacrée aux exactions policières, militaires et judiciaires pendant la guerre d’Algérie, le livre de Benjamin Stora, Le mystère De Gaulle, signe un retour à l’histoire politique du conflit. La riche bibliographie écarte la nouvelle école historique pour se focaliser sur les analyses politiques du conflit, et sur une impressionnante série de témoignages d’acteurs, qui constituent les archives primaires de l’ouvrage. L’auteur, passionné par la politique, n’a jamais quitté ce terrain de prédilection, comme en témoignent les sujets de thèses de ses doctorats. Mais dans ses travaux personnels, il s’était jusqu’alors consacré à deux axes particuliers, la constitution et le devenir du nationalisme algérien, et l’héritage mémoriel de la guerre d’Algérie.






























































